DPQ appelle à la solidarité afin de mettre le RCSD sur pause – Lettre à l’ODQ

Québec, le 9 avril 2024 –

Madame la présidente,

Tout d’abord, comme vous le savez certainement, à chaque fois que l’opportunité s’est présentée, nous avons réitéré notre appui à la création de mesures d’aide qui permettraient aux Québécois d’avoir un meilleur accès à des soins de santé dentaire de qualité.

Depuis des mois nous sommes perplexes devant le silence presque complet de l’Ordre des Dentistes du Québec face au Régime canadien de soins dentaires (RCSD). Le fait de publiciser le formulaire d’inscription de la Sun Life sur le site internet de l’Ordre, sans commentaire de mise en garde, nous donne l’impression de « Qui ne dit mot consent ».

Vous comprenez, assurément, que nous ne pouvons imaginer que notre Ordre professionnel pourrait être favorable à un programme qui compte autant d’irritants majeurs. Des irritants qui mettent en danger l’intégrité de la profession, la qualité des soins dentaires et la sécurité de la population visée par ce programme.

De ce fait, DPQ souhaite que l’ODQ joue son rôle de leader et soit le porte-étendard de cette intégrité professionnelle en dénonçant publiquement les points importants suivant :

1. La décision du gouvernement fédéral d’avoir recours à un assureur privé pour assurer la gestion de ce programme, rendant les professionnels de la santé dentaire vulnérables face à des décisions administratives arbitraires inhérentes au régime.

2. L’obligation des dentistes à signer une entente avec Sun Life pour faire partie de ce régime, limitant ainsi le choix libre et éclairé d’un prestataire de choisir son dentiste traitant.

3. La décision du gouvernement fédéral de permettre à Sun Life, qui est une compagnie d’assurance privée parmi tant d’autres, de devenir tiers payeur d’un régime public, lui donnant ainsi accès à des informations confidentielles de près du 1/3 des Québécois.

4. Donner à Sun Life une position avantageuse en lui donnant accès à des ressources qui pourraient, à terme, lui permettre de développer le volet privé de ses affaires.

5. Le fait que Sun Life puisse éventuellement s’opposer à la couverture de certains soins dentaires proposés par un professionnel traitant en s’opposant à son diagnostic, et ce, afin d’orienter la thérapeutique en faveur de l’administration du programme. Cela court-circuiterait l’autonomie et l’indépendance professionnelle des dentistes.

6. Le manque de cohérence, de précision et de transparence des communications du gouvernement fédéral et de Sun Life auprès de la population visée par ce programme et des professionnels, à l’égard de la mise en place du régime, de l’étendu de la couverture des soins et des défis quant à la mise en place du RCSD.

7. Le risque que la profession (et par ricochet, nos patients) subisse les mêmes dérives observées chez nos voisins du sud.

Nous réitérons que tous ces points mettent en péril l’intégrité de la profession telle que nous la connaissons aujourd’hui et que c’est le rôle de notre Ordre de défendre cette intégrité. De ce fait, nous croyons sans équivoque que la sécurité de la population et la qualité des soins dentaires auxquels elle a droit sont directement menacées à long terme si nous permettons ce genre de programme dans notre quotidien.

Les réactions négatives d’une grande majorité de nos membres propriétaires et ceux d’une grande partie de la profession confortent nos craintes face à la mise en place du RCSD dans le format actuel. Il est donc légitime pour nous de vous en faire part.

À plusieurs occasions, vous nous avez dit qu’une plus grande solidarité des dentistes permettrait d’arrêter de donner des coups d’épée dans l’eau dans plusieurs dossiers, dont, par exemple celui des DSO (communément appelées « corpos »). Dans les conditions actuelles, soyons solidaires entre associations et demandons ensemble au gouvernement fédéral de mettre sur pause son RCSD afin de travailler pour qu’un programme d’accès aux soins dentaires de qualité soit compatible avec les valeurs de la profession que l’Ordre doit protéger.Comme toujours, nous sommes prêts à collaborer avec vous et l’ensemble des intervenants dans ce dossier.

Acceptez, madame la présidente, nos salutations les plus sincères.

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